La créativité du cabinet d’architecture Uchronia a déferlé dans un appartement haussmannien du XVIème arrondissement pour donner vie à une perle de la décoration : le projet Mozart. Découverte de ce lieu d’habitation empreint de rondeurs, de sensualité et d’un mélange des styles justement dosé.
© Photographie : Félix Dol Maillot
Une fois diplômé à l’Architectural Association de Londres, Julien Sebban traverse la Manche pour ouvrir son cabinet d’architecture à Paris. Ce lieu qu’il décrit comme “plus collectif pluridisciplinaire que cabinet d’architecture classique” tire son nom de l’uchronie, qui “désigne un non-temps dans lequel l’histoire est réécrite, non pas telle qu’elle a été, mais telle qu’elle aurait pu être”. C’est dans cet esprit aventureux qu’il s’empare des codes très classiques d’un appartement haussmannien de 80 m2 agrémenté de moulures, d’un plancher de bois et de radiateurs de fonte pour en faire un lieu à la croisée des styles. “Les volumes étaient mal distribués et les pièces relativement petites. Il y avait cependant de beaux éléments à exploiter caractéristiques des appartements haussmanniens comme les fenêtres en arches ou encore les moulures et cimaises murales que nous voulions conserver” précise-t-il. Face à des surfaces parfois anguleuses, Julien Sebban met le cap sur la rondeur et la sensualité : il mise sur les vagues. Ces waves que l’on retrouve dans chaque recoin de l’appartement font également écho à Uchronia Wave, le bureau de création de l’architecte où de nombreuses pièces sont conçues sur-mesure pour s’adapter à l’aménagement des espaces parfois étroits ou biscornus du projet Mozart. Le compositeur prête d’ailleurs son nom au projet pour son talent à s’approprier tous les styles en y ajoutant une touche de modernité.
© Photographie : Félix Dol Maillot
Naviguer entre les différents courants
Près de huit mois auront été nécessaires à l’ensemble des travaux. Julien Sebban les commence en sélectionnant une palette de couleurs empruntée au marbre, matière phare de cet aménagement : “Toutes les couleurs proviennent d’une plaque de marbre appelée Van Gogh Onyx” où les nuances de gris, rose et orangé se rencontrent. Le choix du marbre se reflète dans celui de la table à manger Peanut du séjour ou encore dans celui d’une commode placée à l’entrée. D’autres matériaux bruts apportent un peu plus de dureté au mobilier : les chaises sont linéaires, lourdes et supportées d’aciers. Cette brutalité est contrebalancée par des matières plus duveteuses, notamment avec les moquettes, le tapis à couches multiples et les étoffes moelleuses qui tapissent le cadre de lit ou encore un pouf violacé. Dans cet intérieur hétéroclite chaloupé, on se laisse porter par de nombreuses courbes qui achèvent d’équilibrer le rapport de force entre matières et formes dures ou souples : “Nous avons développé une ambiance pétillante toujours dans les courbes et la sensualité”. Les ondulations arrivent par vagues avec les boiseries de la cuisine relevées d’un bleu canard ou par petites touches avec les créations de verres fabriquées par le studio Helle Mardhal posées avec intention sur une étagère ou un cadre de cheminée.
© Photographie : Félix Dol Maillot
Un dernier voyage teinté de rouge
Nombreux sont les talents mis en œuvre autour du projet Mozart : “Nous avons travaillé avec le studio Marbera pour les pièces en marbre, avec le marbrier Delocre 1888 pour les sols, avec la parisienne Joséphine Pelletier pour certains tapis ainsi qu’avec le tâpissier Ireale situé sur les hauteurs de Montmartre”. Mobilier sur-mesure pensé en accord avec le projet et mobilier vintage au style années 70/80 apportent tous deux de la profondeur à ce lieu de vie qui mélange les genres avec le motif de la vague pour unique fil rouge. Très sensoriel, cet appartement invite au voyage par le scintillement de ses suspensions qui rappelle celui des vagues au soleil, les ondulations de son mobilier et la nacre d’un lustre. Avant de quitter tout à fait cet espace hors du temps, l’architecte d’intérieur nous in- vite à un dernier voyage : pénétrer dans le dressing, qui est d’ailleurs sa pièce favorite du projet Mozart. Traversé de rouge carmin du sol au plafond, cet espace clos dénote par une touche colorée franche qui en fait le sel de cet intérieur : “Quand nous poussons la porte du dressing, nous avons l’impression d’entrer dans un autre monde, c’est comme pénétrer dans les loges du Moulin Rouge...” •
© Photographie : Félix Dol Maillot
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@uchronia_world
67 rue du Poteau
75018 Paris
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